Saint-Marcellin-en-Forez, "la porte du Forez", était situé sur le grand chemin du Forez venant de Montbrison, en direction du seul pont connu sur le sud de la Loire, à Saint Rambert.
La plus ancienne mention des remparts date de l'an 1286. Le croquis de Guillaume Revel montre deux enceintes crénelées, du XIIIe siècle et du XVe siècle donnant à la place un aspect massif. La première enceinte défensive comporte cinq tours demi-rondes. Deux de ces tours sont conservées. Le dessin ne montre aucune ouverture dans ce rempart, à l'exception de la porte Basset, détruite en 1814 (avenue de la Libération). La porte Sainte-Catherine ( l'actuelle rue de Verdun) et la Porte-Neuve semblent donc avoir été ouvertes après son passage. A moins qu'il ait négligé de les signaler. La porte-gaillard, à l'Est, dans la rue qui porte encore son nom, n'entre pas dans la perspective.
Outre ses remparts et ses tours, le village conserve d'autres beaux vestiges des temps anciens. Evoquons d'abord une maison du XVe siècle. Acquise par la mairie, elle cache de magnifiques cheminées, une vaste salle dallée et de beaux plafonds à la française. Un fourneau en pierre servait à garder les plats au chaud dans des cavités où l'on déposait les braises. Ses fenêtres à meneaux sont parfaitement conservés ainsi que le débord de la toiture soutenu par des consoles en bois posées sur des corbeaux en pierre. Une autre, du XVIe, est classée depuis 1931 et restaurée depuis peu. Un blason porte inscrite l'année 1556. On peut admirer la belle façade enrichie à l’un de ses angles d’une vierge à l’enfant sous un dais. Vierge protectrice, elle aurait été placée là à la suite de quelques incendies. A voir encore, place des Terreaux, le beau linteau de porte, et à visiter, surtout, l'ancienne cure du village qui abrite désormais l'Espace Revel.
Mais on ne peut évoquer Saint-Marcellin-en-Forez sans dire un mot de son célèbre Pont du Diable, le plus beau de la contrée. Egalement nommé "Pont de Vérines", il était aussi appelé au XIVe siècle "Pont Peyrard", du nom d'un gros propriétaire des environs. Situé à quelques km du village, classé monument historique depuis 1921, c'est un pont étroit à deux arches datant du XIVe siècle. Il enjambe la Mare et semble mener nulle part. Il servait peut-être à transporter la chaux, à dos de mulet, depuis Sury le Comtal en direction du Velay. Quant à son surnom, il traduirait localement la légende de Saint Guillaume, qui bâtissait un pont qu'un démon s'amusait à défaire chaque nuit.
De retour au village, ne pas rater la vieille chapelle sainte Catherine (milieu du XIIe siècle). De style roman, elle est constituée d’une nef rectangulaire de 14 mètres sur 7 et d’un chœur à chevet semi-circulaire, un peu plus étroit que la nef. L’arc triomphal en plein cintre qui forme l’entrée du chœur, porte un remarquable petit clocher. Ses arcatures plein cintre retombent sur deux colonnettes torsadées, coiffés de chapiteaux où à chaque point cardinal sont sculptés des visages anguleux. Le portail roman, avec une voussure plein cintre, est encadré de deux inscriptions funéraires gravées en lettres gothiques sur des pierres rectangulaires. Celle de gauche indique en latin, toujours d'après l'abbé Pinton: "Ici reposent les ossements des grand'pères, grand'mères et de leurs enfants et (ceux) des père et mère de Monsieur Jean Pinet, vicaire de l'église Sainte Croix de Lyon. Que par la miséricorde de Dieu, ces âmes et celles de tous les fidèles défunts reposent en paix." Celle de droite demande une messe annuelle, à dire en octobre, pour le repos de l'âme d'un certain Pierre Peyret.